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Coupures d’Internet durant les examens du BAC: une mascarade nationale !

Des administrations paralysées pendant des jours, d’énormes pertes pour les entreprises et des citoyens pénalisés… la coupure du réseau Internet au prétexte de lutter contre la triche et la fuite des sujets d’examen n’a rien apporté cette année encore, mis à part un record de personnes lésées et de condamnations.

En effet, la mesure, exclusivement algérienne, n’a pas fait ses preuves. Des cas de fraude et de fuite des sujets sur les réseaux sociaux ont été enregistrés. Avant même la fin des épreuves, le ministère de la Justice a annoncé que des poursuites ont été engagées contre près de 70 personnes et que certains croupissaient déjà dans les prisons le mercredi 22 juin pour “triche”.

Le département de Belkacem Zeghmati a précisé que 28 d’entre elles ont été condamnées à des peines de prison allant de 06 mois jusqu’à trois 03 ans, assortis d’une amende pouvant aller jusqu’à 500 000 DA.

Ces condamnations interviennent suite aux amendements introduits dans le Code pénal élaboré par Belkacem Zeghmati et adopté en avril dernier par le Parlement.

Ainsi, les personnes arrêtées dans ce cadre sont poursuivies en vertu de l’article 253 bis 6 qui stipule : « une peine de 1 an à 3 ans de prison et une amende de 100 000 DA à 300 000 DA, contre toute personne qui diffuse ou divulgue, avant ou pendant les examens et concours, les questions et ou corrigés des sujets d’examen finaux d’enseignement primaire, moyen, secondaire, supérieur ou de la formation et de l’enseignement professionnels ainsi que des concours professionnels nationaux. Est passible des mêmes peines quiconque se substitue au candidat lors des examens et concours cités ».

“Un échec”!

À la veille du 22 juin, date à laquelle les épreuves ont été lancées, l’espoir régnait encore sur une éventuelle repentance de la part des autorités. Aucun communiqué annonçant la coupure d’Internet n’a été rendu public par Algérie Télécom ni les trois autres opérateurs de la téléphonie mobiles : Djeezy, Mobilis et Oreedoo.

Parallèlement, un communiqué attribuait au ministère de l’Éducation indiquait que la tradition âgée de cinq ans allait être rompue cette année. Mais, au jour des épreuves et alors que l’accès au web a été verrouillé dès 8h00 du matin, le document s’est avéré être un fake. Les opérateurs, eux, ont observé un silence intrigant.

L’application de cette mesure pour la cinquième année consécutive est “un échec“, estime Messaoud Boudiba, porte-parole du Conseil National Autonome du Personnel Enseignant du Secteur Ternaire de l’Éducation (CNAPESTE).

“Être incapable de protéger les épreuves du baccalauréat pendant plus de six ans est considéré comme un échec. L’importance nécessaire n’a pas été accordée pour faire face au fléau”, nous a déclaré le syndicaliste qui souligne qu’il faut “une étude approfondie et une enquête pour déterminer les causes de ce fléau et les responsables”.

Pour Messaouf Boudiba, “même si cette mesure a été imposée par la réalité, elle devrait être remplacée par d’autres mesures comme les brouilleurs dans les centre d’examens”.

Mais, même si des promesses de réformes sont brandies chaque année, aucune d’elle n’est appliquée. Le Président de la République Abdelmadjid Tebboune s’est lui-même prononcé contre cette mesure qui “n’honore pas le pays”. Et pourtant, cette année encore l’Algérie a été déconnectée.

« Je travaille avec des entreprises étrangères à partir de l’Algérie. Lors des premières sessions ils n’arrivaient pas à y croire et m’ont même demandé des justifications. Les articles de presse ont été le seul moyen que j’avais trouvé pour justifier et expliquer cette mesure auprès des étrangers », nous a confié Adel.H un employé en Freelance

Entrepreneurs et freelancers, des victimes collatérales

Les entrepreneures et les employés en Freelance étaient face à la réalité. Cette année encore, ils devront faire face aux conséquences de cette mesure datant de l’époque de Houda Feraoun et Nouria Benghabrit.

« Inutile », pestent les chefs d’entreprises sur les réseaux sociaux quand la connexion Internet le permet. Pour eux, des mesures moins couteuses et bien plus efficaces pourront être appliquées pour lutter contre la triche et la fuite des sujets comme le veut la suspension du réseau Internet. Ils parlent d’interdiction de téléphones dans les établissements, des brouilleurs de réseaux, entre autres, au lieu de cette mesure qui leur fait perdre d’énormes chiffres d’affaires chaque année sans qu’aucune indemnisation ou dédommagement ne leur soit versé.

Les autres victimes sont les employés en freelance pour lesquels Internet et le principal outil de travail.

« Tout mon calendrier a été chamboulé. Je retarde tout mon travail au soir. Je commence après 17h, heure à laquelle la connexion Internet est rétablie. Mais aujourd’hui je n’ai pas pu commencer à 17h parce que je devais remplir l’eau d’abord », ironise Asma*, en allusion à un autre problème qui pollue l’esprit des Algériens à savoir les coupures récurrentes d’eau.

Pour cette employée en Freelance dans le domaine de l’information, si cette mesure perdure depuis cinq ans « c’est parce qu’on ne peut pas jouer la carte de la concurrence. Le marché est monopolisé. Aucune plainte n’a été portée contre ces opérateurs parce que personne ne croit plus en la Justice algérienne », a-t-elle ajouté.

1- Son prénom a été modifié suite à son désir de garder l’anonymat.

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