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Une militante palestinienne et une journaliste de Jazeera interpellées à Jérusalem

Une jeune militante au coeur d’une campagne sur les réseaux sociaux pour contrer la possible éviction de familles palestiniennes du quartier de Cheikh Jarrah, à Jérusalem-Est, a été interpellée dimanche par la police israélienne, au lendemain de l’arrestation musclée sur place d’une journaliste de la chaîne qatarie Al-Jazeera.

Dimanche matin, Mona el-Kurd, 23 ans, a été « emmenée au poste de police » à Jérusalem, a indiqué son père à l’AFP, ce qui a aussitôt suscité une vague de protestations dans les milieux palestiniens et sur les réseaux sociaux.

Sur les images de cette interpellation, diffusées par la famille sur les réseaux sociaux, la jeune femme est emmenée menottée par plusieurs membres des unités des « garde-frontières » israéliens.

Son frère jumeau, Mohammed, star de la cause palestinienne avec plus de 550.000 abonnés sur Instagram et 180.000 autres sur Twitter, était absent au moment de l’interpellation, mais a reçu une convocation et s’est présenté en après-midi à un commissariat de Jérusalem-Est, partie annexée par Israël de la Ville sainte.

Nasser Odeh, l’avocat de la famille, a confirmé que la police avait arrêté Mona el-Kurd pour « troubles à l’ordre public », incluant participation à des « émeutes », et indiqué que son frère était toujours sous enquête. Contactée par l’AFP, la police n’a pas commenté ces interpellations dans l’immédiat.

Selon le père des deux militants, cette arrestation « fait partie d’une opération qui vise à terroriser les parents et faire taire la voix des jeunes qui se sont élevées dans le quartier ».

Mona et Mohammed el-Kurd mènent quotidiennement en anglais et en arabe une intense campagne sur les réseaux sociaux autour du mot-clé #SheikhJarrah afin d’attirer l’attention du monde sur le sort de familles palestiniennes menacées d’expulsions ou déjà expulsées de leur maison au profit de colons israéliens.

Selon la loi israélienne, si des juifs peuvent prouver que leur famille vivait à Jérusalem-Est avant la guerre israélo-arabe de 1948, déclenchée à la création de l’Etat d’Israël, ils peuvent demander à ce que leur soit rendu leur « droit de propriété ». Une telle loi n’existe toutefois pas pour les Palestiniens ayant perdu leurs biens pendant la guerre ou ayant dû fuir.

« Ciblage systématique »

Samedi soir, la correspondante arabophone d’Al-Jazeera, Givara Budeiri, a également été interpellée et retenue plusieurs heures par la police israélienne alors qu’elle couvrait des manifestations dans ce quartier, a indiqué la chaine qatarie dans un communiqué, précisant que le matériel du caméraman qui l’accompagnait avait été détruit.

La reporter, qui portait une veste pare-balle siglée du mot « press » au moment de son interpellation, a dit avoir été libérée à la condition de ne pas retourner dans le quartier de Cheikh Jarrah pour les 15 prochains jours.

« Le ciblage systématique de nos journalistes est en violation complète des conventions internationales », a réagi le directeur général par intérim de la chaîne, Mostefa Souag.

Au cours des dernières semaines, plusieurs journalistes, dont un photographe de l’AFP, ont fait état de violences contre la presse à Jérusalem-Est.

Le 15 mai, l’immeuble qui abritait notamment les équipes de la chaîne d’information qatarie Al-Jazeera et l’agence de presse américaine Associated Press (AP) avait été pulvérisé par des frappes de l’armée israélienne, qui avait demandé préalablement l’évacuation de l’immeuble.

Un conflit de 11 jours en mai entre le Hamas et Israël avait éclaté après des salves de roquettes tirées par ce mouvement palestinien vers Israël, en solidarité avec les centaines de manifestants palestiniens blessés lors de heurts avec la police à Cheikh Jarrah et sur l’Esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l’islam, à Jérusalem-Est.

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