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Tamanrasset: quand la lutte contre l’habitat illicite anéantit les rêves de toute une vie (Reportage)

Assis au milieu des gravats, en compagnie de son inconsolable épouse, Abderrahmane Lansari ne veut toujours pas croire, que la maison qui lui avait couté les yeux de la tête a été réduite en tas de décombres, à la suite la dernière opération de démolition, menée par l’Apc de Tamanrasset au village d’In-Zaouen, à 5 km au sud du chef-lieu communal.

Le jeune couple attend son premier enfant, dans moins d’une semaine. « Une fille », nous confie Abderrahmane, d’un sourire mêlé à une expression de déception, qui révèle une tristesse, on ne peut plus profonde. Le destin veut que ce nouveau-né soit accueilli sous une tente de fortune en pleine période hivernale et dans des conditions incommodes et inhumaines. Abderrahmane n’est pas prêt d’oublier ce jour maudit, qui restera gravé dans sa mémoire et celle de tous les villageois qui ont tout fait, lors des dernières municipalités, pour que l’actuel maire accède au trône.

 Je ne croit pas mes yeux

Ce qu’ils ne savaient pas toutefois, c’est que la loyauté ne peut jamais se faire  pour se frayer place au milieu d’une société ingrate. « Je ne croit pas mes yeux. Deux ans de labeur s’anéantissent en un clin d’œil » raconte Abderrahmane avec amertume. Et de renchérir  « je n’ai jamais sollicité l’aide de l’Apc. Mon rêve était de construire un petit chez-moi pour vivre tranquillement loin du tintamarre de la ville avec ma famille. Un jour, on vient comme ça, d’un seul coup, pour casser et démolir ta bâtisse et se retrouver dehors. C’est cruel».

Chassés comme des rats

Solidaires, les villageois lui ont trouvé un bouge, qui  même s’il ne répond à aucune norme d’habitation, lui servira d’abri, pendant ce froid qui fait grincer les dents. Zoubir Lansari a subi le même sort. En revenant de son travail, il s’est joint à sa femme et ses trois mômes, un garçon et deux fillettes, pour pleurer la maison dont ils rêvaient depuis 2015. « Mes projets se sont envolés. On nous a chassés comme des rats. On ne sait plus ce qu’on doit faire. Ils sont venus casser tout ce qu’il y avait dans ma maison. On leur (les travailleurs de l’Apc) servait du thé et leur apporté de l’eau. Pour nous récompenser, ces ingrats ont attendu mon absence pour venir détruire notre maison. Horrible ! Maintenant, nous; moi et famille, ne savons pas où aller »

Crédit photo: interlignes Algérie | Habitants dans la rue à In Zaouen après l'opération de démolition de constructions illicites
Crédit photo: interlignes Algérie | Habitants dans la rue à In Zaouen après l’opération de démolition de constructions illicites

Bulldozers

Flanqué de sa marmaille, Zoubir, journalier de son état, a été contraint de se rabattre sur les baraquements de location pour se loger. Le propriétaire lui demande « 6000 Da par mois », nous dit-il, comme pour lancer un appel de détresse à l’endroit des responsables  compétents pour lui trouver un coin décent et lui éviter ainsi la vie de l’errance. A quelques mètres de ce que fut la maison de Zoubir, se trouve aussi celles de Othmane et de Fatimada, lesquelles ont également été rasées par les bulldozers.

 Lave les mains

L’opération a suscité le courroux des villageois qui se sont déplacés jusqu’au siège de l’APC  pour interpeler l’édile municipal, Cheikh Badi. Ce dernier s’en lave les mains et renvoi la balle au wali qui aurait pris cette courageuse décision pour en finir avec les constructions illicites érigées sur le périmètre de la voie du contournement de la ville. Pas moins de 36 constructions  illicites ont été démolies pour concrétiser ce projet, relève M Badi. Concernant In Zaouen, il a tenu de préciser que les maisons démolies n’étaient pas encore habitées. Néanmoins, « leur cas sera étudié  et pris en charge dans le cadre de l’aide à l’habitat rural » a-t-il promis.

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