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Rentrée scolaire: entre tablettes et « tables coloniales », le sujet sur l’état des écoles algériennes relancé

La rentrée scolaire 2020-2021 a marqué mercredi le début d’une nouvelle année après plus de sept mois de vacances forcées en raison de la pandémie de coronavirus, mais aussi le début d’une nouvelle polémique. En effet, les sorties des responsables algériens à l’occasion de cet événement ne sont pas passées inaperçues. De la visite d’Abdelaziz Djerad à Batna à l’échange entre le wali d’Oran et une enseignante, une nouvelle vague de colère a émergé hier sur les réseaux sociaux relançant le sujet sur l’état des écoles en Algérie.

Abdelaziz Djerad s’est rendu mercredi à la wilaya de Batna à la tête d’une importante délégation pour donner le coup d’envoi de l’année scolaire 2020-2021. Le staff ministériel a entamé sa visite par une classe bien équipée notamment par des data-shows et des tablettes pour chaque élève. Les images diffusées par les médias ont été largement dénoncées par les internautes qui estiment qu’elles « contrastent » avec la réalité des écoles en Algérie. 

Selon l’agence de presse APS, « il s’agit d’une classe pilote où les élèves ont utilisé des tablettes ». De son coté, le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, a affirmé que « l’utilisation de tablettes tactiles sera généralisée progressivement à travers les établissements scolaires du cycle primaire ». 

Dénonçant une « mise une scène » à l’occasion de la visite des membres du gouvernement, les internautes ont diffusé des photos de classes d’écoles qui démontrent  » la réalité » et « l’état piteux » des établissements scolaires. 

En plus des internautes, et alors qu’Abdelaziz Djerad poursuivait sa visite à Batna, une enseignante dans une école primaire à Oran a essayé d’attirer l’attention du wali sur ses conditions de travail « catastrophiques ». 

« Des tables de l’époque coloniale »

Loin des tablettes et des classes bien équipées. À l’autre bout du pays plus précisément à Oran, une enseignante a dénoncé au wali de la région l’état catastrophique des écoles mais n’a pas obtenu la réponse qu’elle espérait en retour. L’échange filmé et diffusé sur les réseaux sociaux a lui aussi suscité la colère des internautes qui se sont solidarisés avec l’enseignante « humiliée ».

« C’est une catastrophe. Un parent d’élève a dépensé 25,000 DA pour déboucher les toilettes et remplir la citerne d’eau. Quand nous parlons on nous répond qu’ils peuvent rien nous faire et qu’il n y a pas de budget », a-t-elle dénoncé au wali.

Devant ces mots, le wali d’Oran s’est contenté d’hocher la tête. Il demande: « Qu’est ce que vous avez d’autres comme problèmes ».

L’enseignante répond qu’il a y « le problème des tables. Elles datent de l’époque coloniale ».

Le responsable, visiblement irrité par la qualification de la professeur, demande à voir ces tables. L’enseignante l’emmène donc vers l’une des classes de l’école, elle relève les décorations sur les tables, lesquelles, elle précise, ont été payées par les institutrices, laissant apparaître de veilles tables décolorées. « Et encore, je vous montre la meilleure table », s’est-t-elle insurgée.

Cependant, le wali a persisté dans son irritation, « ces tables ne datent pas de l’époque coloniale », a-t-il dit.

L’enseignante tente de lui tenir tête mais le wali la coupe de suite: « vous êtes une professeur, il faut savoir ce qu’il faut dire. Elles ne datent pas de l’époque coloniale », a-t-il répondu avant de tourner le dos à la professeur et ses complaintes.

Le comportement du wali a vite été dénoncé par les internautes. Ces derniers se sont massivement solidarisés avec l’enseignante. D’autres ont fait le déplacement jusqu’a l’établissement scolaire où elle enseigne pour la remercier de « son courage » et d’avoir dénoncé l’état « piteux » des écoles algériennes.

La wilaya d’Oran a réagi sur l’incident à travers un communiqué explicatif diffusé sur Facebook. « monsieur le wali , qui a suivi avec grand intérêt la présentation du professeur, a été contraint – sur cette description – de préciser en tant que représentant de l’État qu’il s’agit d’une description inappropriée et qu’elle ne reflète – ni la réalité ni les efforts consentis par l’État algérien depuis l’indépendance dans tous les secteurs, et en premier lieu le secteur de l’éducation nationale ».

Mais, cette explication n’a pas absorbé la colère des internautes qui ont réclamé à travers le hashtag « la dignité du professeur est une ligne rouge », le limogeage du wali.

Ainsi, après près sept mois d’absence forcée en raison de la pandémie de coronavirus, les élèves ont retrouvé leurs établissements scolaires dépoussiérant et les bancs et le sujet sur l’état des écoles en Algérie.



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