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Procès des 42 détenus d’opinion : Journée interminable au tribunal de Sidi M’hamed d’Alger  

Le procès des 42 porteurs de l’emblème amazigh s’est ouvert, en fin de la matinée d’aujourd’hui au tribunal de Sidi M’hamed d’Alger. Très attendu, ce jugement, le plus important de l’histoire de la justice algérienne, se déroule dans un climat particulier.
@ INTERLIGNES | procès des détenus des porteurs du drapeau amazigh
@ INTERLIGNES | libération des détenus des porteurs du drapeau amazigh

Il s’agit du troisième procès de personnes détenues pour port du symbole de l’identité amazigh, après ceux ayant eu lieu il y a 15 jours dans ce même tribunal et dans celui de Baïnem, dont le verdict n’a toujours pas été prononcé.
Mais celui qui se tient, depuis ce midi au tribunal de Sidi M’hamed, est le plus important, compte tenu du nombre « d’accusés » qui ont défilé, le même jour, devant le juge. Le rendez-vous, annoncé depuis quelques jours, a donné suite à une grande mobilisation, à l’intérieur comme à l’extérieur du tribunal.
Des dizaines de manifestants, familles des détenus et des militants de tous bords, ont, en effet, tenu un imposant rassemblement sur la rue de Liberté, adjacente au tribunal. La journée de cette séquence judiciaire, qui restera dans les annales, a commencé dès 9h30, avec l’arrivée des premiers groupes de manifestants.
La foule est devenue importante pour se transformer en un important rassemblement. Dans l’attente du transfert des héros du jour vers le tribunal, les manifestants ont fait vibrer le quartier en lançant des slogans porteurs de plusieurs messages adressés, en premier, aux magistrats pour leur demander de se libérer et de remettre en liberté les détenus d’opinion.

« Le peuple veut une justice indépendante »

« Libérez les prisonniers, ils n’ont pas vendu la cocaïne (en référence à la grosse quantité de cette drogue saisie au port d’Oran, il y a quelques mois) » et « Echaab yourid qadhaa moustakil (le peuple veut une justice indépendante) », tonnent-ils.
Les protestataires reprennent aussi les slogans phares du mouvement populaire. « Daoula madania, machi 3askaria (pour un Etat civil et non pas militaire) », « Eddiwna gaa li lhabes, chaab mahouche habes (emprisonnez nous tous, le peuple n’abdiquera pas) » et « Kilitou leblad ya saraquine (Vous avez ruiné le pays, bande de voleurs) », lancent-ils.
Le rassemblement s’est poursuivi jusqu’aux environs de 15h30, avant que les policiers n’interviennent pour disperser les manifestants. Ils ont également procédé à l’arrestation d’un jeune activiste de Bab El Oued, Mohamed Tadjadit. Ce dernier a été conduit à la brigade de la gendarmerie de Bab Djedid.

Une salle d’audience archicomble

L’ouverture du procès n’a eu lieu que vers 12h00, dans une ambiance inhabituelle pour un tribunal. Des dizaines de personnes, parmi lesquelles de nombreux politiques et militants, ont envahi le hall du tribunal et la salle d’audiences N°1, où s’est déroulé le procès organisé en dix dossiers, comprenant chacun six à sept détenus.
Le premier groupe de détenus fait son apparition au box des accusés, sous un tonnerre d’applaudissements. Après les procédures d’usages, le président du tribunal donne la parole au procureur de la république qui a requis, sans argumenter, deux ans de prison ferme et 100 000 DA d’amende.
Ensuite ce sont les avocats qui ont entamé les plaidoiries. Une dizaine d’entre eux ont pris la parole pour tenter de convaincre le juge que ce procès ne devrait pas avoir lieu, tant l’accusation est infondée.
A chacune des interventions des avocats, l’assistance réagit par des applaudissements et en lançant des slogans appelant à l’instauration d’une Algérie libre et démocratique. Ce n’est que vers 14h00 que le premier dossier a été clos. Le juge lève la séance pour revenir vers 15h30 et ouvrir ensuite de nouveaux dossiers.

Samira Messouci : « Je brandirai encore cet emblème »

Vers, 16h21, le juge ouvre le troisième dossier, dans lequel figurait la jeune élue APW de Tizi Ouzou, Samira Messouci. La salle se met en ébullition. Saisissant l’occasion qui lui a été donnée par le juge pour s’exprimer, la jeune militante du RCD se défend. « Depuis 62 il n’y a pas de justice libre en Algérie. Monsieur le président, vous êtes sensé œuvrer pour rendre la justice libre et indépendante. On m’accuse de trahison et d’atteinte à l’unité nationale. Je ne remets pas en cause mon nationalisme. Je suis élue avec les voix de 60 000 personnes, je ne pourrai pas trahir leur confiance », déclare-t-elle.
Ensuite, Samira Messouci aborde la question de l’identité et de l’emblème amazigh. « Concernant l’identité et l’emblème amazigh, sachez monsieur le président que des militants se sont sacrifiés. En 1980 des militants ont été emprisonnés pour cette même cause amazighe, en 2001 ce sont 127 personnes qui ont perdu la vie pour cette même cause. Sachez que je ne suis pas en train de justifier mon acte de porter le drapeau amazigh, je le porterai encore et toujours », ajoute-t-elle.
Au moment où nous mettons sous presse, le procès se poursuit toujours.

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