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Les magistrats manifestent et insistent sur l’indépendance de la justice

Après avoir saisi à deux reprises le Chef de l'Etat, Abdelkader Bensalah, leurs revendications ne semblent toujours pas trouver d'oreille attentive. des centaines de magistrats ont organisé, ce jeudi 31 octobre, un rassemblement à la Cour suprême pour dénoncer la "mainmise" du pouvoir sur la justice et réclamer son indépendance longtemps confisquée.
© INTERLIGNES | Rassemblement des magistrats devant la cour suprême à Alger
© INTERLIGNES | Rassemblement des magistrats devant la cour suprême à Alger

Cantonnés sur le devant de la Résidence des Magistrats, à El Biar, des femmes et hommes de loi ont mené leur action de protestation dans le calme. Les magistrats ont entamé le mouvement en entonnant l’hymne national avant de céder la parole au président du SNM, Isaad Mabrouk.
Mettant en relief la problématique de l’indépendance de la justice, Isaad Mabrouk souligne que celle-ci constitue « une revendication populaire ». « L’indépendance de la justice est l’une des principales aspirations grandement exprimées par le Hirak mais aussi par le pouvoir, les magistrats, les accusés, les victimes et même les témoins. Cette revendication ne devrait pas être exprimée par les magistrats, la justice devrait être indépendante de fait, et ses outils juridiques doivent être mis en place. Ensuite, les magistrats pourraient être jugés s’ils faillent dans l’application de la loi », dit-il lors d’un point de presse.
Pour lui, « les magistrats ne sont pas à la recherche d’avantages corporatistes pour leurs personnes. Ce qu’ils demandent, c’est de garantir les droits des citoyens quels que soient leur rang social ou leurs conditions », soutient Isaad Mabrouk.
Et d’ajouter: « un procès équitable exige que le juge se soumette à la loi et à sa conscience. La seule institution habilitée à évaluer le travail du juge, c’est le Conseil supérieur de la magistrature. Celui-ci se trouve aujourd’hui dépourvu de ses prérogatives et est devenu, hélas, un organe d’approbation ».
Le président du SNM a indiqué que l’objet de cette action protestation vise à dénoncer la situation lamentable dans laquelle se trouve le pouvoir judiciaire. « Nous n’avons pas trouvé une issue amicale avant de recourir à ce comportement peu ou prou violent. néanmoins, les solutions radicales s’imposent dès lors que le dialogue de sourd semble s’installer et que l’autre partie tente d’imposer son avis quelque soit les conséquences », explique-t-il.

« C’est la goûte qui a fait déborder le vase »

Le président du SNM précise, dans la foulée, que l’objet de ce soulèvement n’est pas seulement motivé par le mouvement annuel qui a touché près de 3000 magistrats mais aussi par d’autres facteurs . « C’est la goûte qui a fait déborder le vase! cette grève est la résultante de l’accumulation d’une somme de problèmes et d’insuffisances que connaissent les magistrats et qui n’ont toujours pas trouvé de solutions adéquates », déplore Isaad Mabrouk ajoutant que « les solutions qu’on proposait avant étaient conjoncturelles et même prothétiques ». 
Estimant que le mouvement annuel des magistrats a été opéré en dehors des conditions dictées par la loi, le président du SNM réfute par ailleurs la déclaration du ministère selon la laquelle le syndicat aurait accepté cette opération. « La vérité doit être dite. Il est vrai que nous avons assisté à une réunion préliminaire à l’issue de laquelle nous avons été d’accord sur un délai de cinq pour muter les magistrats exerçant dans des postes de qualité qui concerne précisément, les procureurs de la République, les présidents des Cours de justice et les magistrats enquêteurs qui, pour le bon fonctionnement de la Justice, doivent être changé tous les cinq ans », explique Isaad Mabrouk.

« On ne combat pas la corruption par la corruption »

Le président du SNM a, en outre, réfuté le lien fait par la tutelle entre la lutte contre la corruption et le large mouvement effectué dans le corps des magistrats.
« La lutte contre la corruption ne se fait pas d’une manière conjoncturelle, elle a plutôt besoin d’outils juridiques. Je trouve insensé de muter les magistrats d’un trait sous le prétexte de lutter contre la corruption. Celle-ci doit être extirpée. Cette mutation est une manière de réhabiliter la corruption ou de lui changer simplement d’endroit », fulmine-t-il ajoutant que s’il y a un juge corrompu, ce dernier doit être jugé et mis en prison et non pas lui changer d’endroit. « Ceci dit, cette opération ne fera que muter la corruption pour être enraciner ailleurs. « On ne lutte pas contre la corruption par la corruption », peste-t-il.
Par ailleurs, les autorités auraient procédé, ce jeudi, selon les dires de certains magistrats présents au rassemblement à l’installation des procureurs de la République au niveau des tribunaux de Sidi M’hamed, Bir Mourad Rais et Hussein Dey.

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