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La forêt brûle facilement parce que… « délaissée »

© DR | Foret ravagée par les flammes

Des pertes humaines, une fillette de deux ans asphyxiée à Aïn Romana (Blida), et animales, des troupeaux d’ovins et de caprins décimées à Djebel Ouahch (Constantine) où s’est déclaré à Didouche Mourad, vendredi 2 aout, un gigantesque incendie qui a interrompu la circulation sur l’autoroute Est-ouest plus de deux heures en début de soirée.

 
Deux hélicoptères bombardiers d’eau de l’Unité aérienne de la Protection civile ont été mobilisés pour prêter main forte aux unités de Constantine et Oum El Bouaghi engagées dans la lutte avec une centaine de camions incendies. Le bilan provisoire arrêté par les agents forestiers est de 1500 ha de végétation décimée par le feu.
Les feux de forêts se sont déclarés subitement avec une hausse sensible des températures, caniculaires dans plusieurs régions du pays, dans la seconde quinzaine de juillet. Canicule qui ailleurs, a touché l’ensemble du bassin méditerranéen et l’Europe du Nord jusqu’au cercle arctique.
Dans la semaine du 25 au 31 juillet, la Direction générale des forêts (DGF) a constaté la destruction de près de 2.000 hectares causée par 264 foyers, notamment à Tizi-Ouzou, Tissemsilt, Ain Defla ou encore Bejaïa et Tipasa, les dernières heures n’ayant pas apporté de bonnes nouvelles si on se fie aux informations révélées par les services de la protection civile.
Avant cela, entre le 1er juin au 24 juillet dernier, la DGF a enregistré 1.126 foyers d’incendie ayant parcouru une superficie totale de 7.820,5 ha… 320 000 hectares de forêts ont été détruits par les incendies entre 2008 et 2018, soit une moyenne annuelle de 31 300 hectares, selon un bilan de la Direction générale des forêts (DGF).
Les surfaces touchées sont les forêts proprement dites (155 270 ha), le maquis (85 388 ha) et les broussailles (79 751 ha). La région Ouest, qui enregistre une superficie forestière de 193 647 ha, est la plus touchée avec 24 725 ha de forêts détruits, soit 13% de la surface totale forestière du pays, suivie de l’Est (superficie forestière de 800 239 ha) avec 86 246 ha de forêts détruits, soit 11% de la superficie totale du pays et enfin de la région Centre (446 936 ha de forêts) avec 44 300 ha de forêts affectés par les incendies, ce qui représente 10% de la superficie totale du pays. Quelque 44% du total des forêts entre 2008 et 2017 sont situés dans 5 wilayas du pays, à savoir Sidi Bel Abbès (11%), Béjaïa (9%), Tizi Ouzou, El Tarf et Jijel (11% chacune).
La DGF a, par ailleurs, classé les causes d’incendies par catégories : inconnues (2244 foyers) présumés volontaires (688 foyers), activités agricoles (30) et imprudences (25 foyers). D’une manière générale, 1% des incendies sont d’origines criminelles, et plus de 80 % du aux activités humaine.
Les incendies seraient d’origine criminelle a déclaré, le 28 juillet 2019, le conservateur des Forêts de Tizi Ouzou où les flammes de 167 incendies ont parcouru 1.450 hectares de couvert végétal dont 65 ha de forêts, 275 ha de maquis, 908 ha de broussailles et 202 ha d’arbres fruitiers.
Une appréciation contestée par des écologistes pour lesquels l’origine criminelle invoquée pour les incendies de forêts ne doit pas être généralisé. Elle sert à masquer le délaissement de ce patrimoine vital pour l’équilibre écologique du pays dont la superficie doit atteindre la norme minimale de 25% du territoire national avec comme fonction principale la protection des sols contre l’érosion, la protection des cours d’eau, de nappes, aquifères ou de zones humides vulnérables et de réservoir de la biodiversité et de puit de carbone. Ils proposent une réforme profonde de l’administration des Forêts considérée comme archaïque et obsolète et devenue inapte à remplir ses missions. Pour eux, « la forêt brûle facilement parce qu’elle est toujours considérée comme un groupement d’arbres et non pas comme un ensemble dynamique d’êtres vivants ».

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