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Journée mondiale de la liberté de la presse : triste fin pour « l’aventure intellectuelle » en Algérie

1990-2020. Trente ans après, « l’aventure intellectuelle » tire à sa fin en Algérie. Et la presse dite indépendante entre, désormais, dans l’une de ses phases les plus sombres. Des médias soumis et d’autres bloqués, des journalistes emprisonnés et un pouvoir qui justifie tous les abus. 

En effet, il règne comme une ambiance de fin du monde dans les rédactions algériennes à l’occasion de ce 3 mai, journée mondiale de la liberté de la presse. Des journalistes qui aspirent à recouvrer leur liberté, après plus d’une année de soulèvement démocratique populaire du 22 février 2019, sont assommés. 

Ironie du sort, la presse née suite aux évènements d’octobre 1988 qui ont imposé la fin du parti unique et le début du pluralisme politique et médiatique, a fini, pour l’écrasante majorité des titres, par « rentrer dans la rangs » à l’issue d’autres évènements aussi importants.

On rêvait de la fin de l’époque Bouteflika, on a eu pire. Comment en est-on arrivé là ? La presse Algérienne taclée par les manifestants lors des marches du Hirak a-t-elle définitivement perdu sa dignité ? Retour sur 30 ans d’illusion… 

L’espoir a été suscité, par la fameuse circulaire de l’ancien chef du gouvernement, Mouloud Hamrouche, signé le 03 mars 1990. 

Dans la foulée des réformes politiques de l’époque, le pouvoir avait permis à des journalistes de créer leurs propres entreprises de presse. Bénéficiant d’une aide conséquente (deux ans de salaires, des locaux et une exonération fiscale), de nombreux journalistes du secteur public se sont lancés dans l’aventure.

Rapports conflictuels avec le pouvoir      

Plusieurs titres, en arabe et en français, ont vu ainsi le jour. Certains ont survécu jusqu’à aujourd’hui, alors que d’autres ont été soit suspendus ou ont mis très tôt les clés sous le paillasson. 

Et pour cause, l’environnement souvent toxique dans lequel ces médias ont été contraints d’évoluer. Avec le pouvoir, ça n’a jamais été la grande idylle. Du moins pas pour une grande partie de titres existants à l’époque. Aux pressions politiques, les journaux lancés ont fait aussi face à des pressions économiques durant toute la décennie des années 1990. 

Pour maintenir la presse sous domination, le pouvoir a utilisé son arme fatale : l’ANEP (agence nationale de d’édition et de la publicité). Contrôlant la manne publicitaire, le régime arrosait les titres dociles et coupait les vivres aux récalcitrants.  

La situation n’a pas trop changé avec l’arrivé au pouvoir du président déchu, Abdelaziz Bouteflika. Le conflit entre ce dernier et la presse s’est exacerbé notamment durant la période de 2003-2004. Mais après cette date, le pouvoir de Bouteflika a opté pour une autre arme : noyer le paysage médiatique en créant plusieurs dizaines de journaux très dociles et qui bénéficient de milliards de la publicité publique.

C’est le retour à l’époque du parti unique

On est passé ainsi d’une vingtaine de titres en 2000 à 160 quotidiens en 2018 (selon des chiffres officiels). Mais cela ne signifie pas que la liberté de la presse est définitivement acquise. Au contraire, l’écrasante majorité des médias versent, de crainte de représailles, dans la censure. Il n’y a plus de place pour les voix discordantes. Les médias audiovisuels publics étaient aussi fermés devant tous les avis qui contredisent les thèses du pouvoir. 

Ces pratiques, ayant duré plusieurs années, ont fini par anéantir tout espoir de voir la presse algérienne accéder à la liberté, comme c’est les cas dans la majorité des pays démocratiques. Alors qu’on s’attendait à une nouvelle ère, l’Algérie fait plusieurs bonds en arrière depuis la deuxième moitié de l’année 2019.  

C’est le retour à l’époque du parti unique qui se profile à l’horizon : La presse écrite est totalement soumise, l’audiovisuel étant déjà fermé, la presse électronique harcelée et bloquée et les journalistes indépendants sont emprisonnés ou sous hautes surveillance.

© Saad | Le journaliste Khaled Drareni

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