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Issaad Mabrouk : « La Justice doit être juste est équitable au moment où l’injustice et l’arbitraire errent »

Dans un entretien accordé au quotidien arabophone El Khaber, le président du syndicat national des magistrats (SNM), Issaad Mabrouk, s’est exprimé sur la pressions et les diktats qui pèsent sur le système judiciaire, la procédure du mandat de dépôt ordonnée à l’encontre des détenus d’opinion et politique mais aussi sur la raison derrière le retrait des magistrats du Hirak, entre autres points abordés.

La procédure du mandat de dépôt a été ordonnée à l’encontre des détenus du Hirak dés les premiers procès ce qui a suscité plusieurs interrogations quant à la nécessité de son application, d’autant plus que le recours à cette procédure s’est accentué dans le contexte du covid-19.

« La loi est très claire concernant le mandat de dépôt , il s’agit d’une mesure exceptionnelle en vertu de l’article 123 du Code des procédures pénale. A la base, l’accusé reste libre pendant les procédures d’enquête judiciaire, mais la pratique montre un certain ressentiment exprimé, en particulier de la part de la défense dans certaines affaires », a expliqué Isaad Mabrouk.

Et d’ajouter  » je nie pas la présence de diktats mais la question est liée à la mentalité du juge en premier lieu plus qu’à des diktats superficiels. Je tiens personnellement les juges responsables des ordonnances qu’ils rendent et ils doivent respecter la loi dans la lettre et l’esprit, tout en mettant en œuvre ce qui est requis par la conscience et l’esprit de l’humanité, sans porter atteintes aux garanties de présence et de bonne déroulement de l’enquête ».

En ce qui concerne les avis des avocats que Isaad Mabrouki qualifie d’amis « à l’exception de la catégorie des marchands et courtiers », ceux-ci méritent son attention et traitement « en raison de leur expérience quotidienne lors de leur exercice »

Selon le président du syndicat « l’avocat est la partie qui doit innover dans le dossier judiciaire car elle est concernée par la recherche et la présentation de preuves et ce qui les réfute, tandis que le rôle du juge est de peser et d’équilibrer ce que les opposants offrent et de les soumettre aux décisions du texte législatif. Cependant, adopter des positions politiques devant les plates-formes judiciaires empêche le message de justice que je représente avec un oiseau libre dont les ailes sont les juges et les avocats, et un oiseau ne peut pas voler avec une seule aile ».

Dans ce sens le syndicaliste a appelé les juges qui « ne peuvent tolérer ingérence, pressions et diktats » à démissionner « et chercher un autre emploi » soulignant que « l’honneur du pouvoir judiciaire est être juste et équitable au moment où l’injustice et l’arbitraire errent, sinon il n’y a pas de différence entre un juge et un serviteur ».

Concernant le retrait des magistrats des rangs du Hirak qu’ils occupaient à ces débuts, Issaad Mabrouk le justifie par « la polarisation politique du Hirak » et « l’émergence de poursuites judiciaires à l’encontre de ses activistes ». Pour lui, « il est déraisonnable que les juges marchent chaque vendredi et mardi avec l’ensemble du peuple pour après se prononcer dans les affaires des personnes qui marchaient à leur cotés ».

« Le Hirak est une étape importante dans l’histoire pays, et malgré les obstacles juridiques qui empêchent les juges de s’impliquer dans les affaires politiques, certains juges notamment ceux des Conseils de Bejaia, Guelma et Annaba ont franchi ces barrières et ont déclaré leur soutien aux exigences de la société visant à éliminer un modèle autoritaire de gouvernement qui s’appuie sur la corruption comme moyen de destruction des composantes de la société. Tout le monde témoigne que la sortie des juges à travers tous le pays et leur soutien au mouvement populaire lui ont donné une forte impulsion alors qu’il traversait une étape sensible », a-t-il rappelé.

Cependant « la polarisation politique du Hirak et l’émergence d’un suivi judiciaire à l’encontre de certains de ses participants – à tort ou à raison – nous ont obligés, en tant que juges, de reprendre notre travail qui nous oblige d’être neutre et impartial », a-t-il justifié

« Il est déraisonnable que les juges marchent chaque vendredi et mardi avec l’ensemble du peuple pour après se prononcer dans les affaires des personnes qui marchaient à leur cotés » a-t-il ajouté.

« Cette position est dictée par les devoirs professionnels qui incombent au juge, qui reste lié par la loi même si elle est contraire à son désir et à ses aspirations sociétales. Personne ne peut nous accuser de recul tant que l’affaire est très compliquée. D’autant plus que le mouvement a de multiples horizons et objectifs. Nous n’acceptons pas que les juges soient un outil dans quelconque conflit, quelle que soit sa nature ou ses parties », a-t-il poursuivi.





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