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Harga, des chiffres et des lettres

51 de pages Facebook faisant l’apologie de la « Harga » seront trainées en justice a prévenu samedi Nourredine Bedoui, le ministre de l’intérieur, des collectivités locales et de l’aménagement du territoire à l’ouverture du forum sur la Harga. La réponse au ministre ne s’est pas fait attendre. Des vidéos ont été publiées où des jeunes, et pas seulement, s’en prennent vertement au ministre et aux dirigeants du pays qu’ils rendent responsables de leur mal-être et des horizons bouchés. « Ce ne sont pas les passeurs mais vous qui nous jetez à la mer » lui a-t-on répondu en énumérant les innombrables obstacles rencontrés pour trouver du travail ou travailler à son compte, fonder une famille et avoir des loisirs sans la coercition constante des pouvoirs publics qui contrôle la vie des citoyens pour donner aux et en prive les autres.
Le Ministre a également cité les artistes qui en chantant la « malvie » des gens d’en bas et leur désespoir se rendraient également coupables d’encourager l’émigration clandestine et les boat-people. Là encore, les réponses ont été fulgurantes comme celles du journaliste écrivain Kamal Daoud, qui dans sa tribune sur le Quotidien d’Oran, a répondu point par point aux accusations « ahurissantes » du premier policier du pays. Rappelant que la fuite du pays par des élites, des universitaires et des cadres, en famille, et pour un exil définitif, se fait aussi et plus intensément par voir légale. L’auteur de « Meursault contre-enquête », écrit que les algériens n’ont que les réseaux sociaux pour « se parler et se rencontrer sans autorisation du wali, de l’iman ou des services de sécurité ».
4000 migrants sauvés, 96 harraga disparus, 179 corps rejetés par la mer a révélé les Noureddine Bedoui. Et les autres seront tentés de dire ? Ceux qui sont passés, qui sont-ils ?
Mohamed Saïb Musette, directeur de recherche au Cread, qui travaille sur les questions de migration depuis plusieurs décennies, a livré des chiffres de Frontex dans une interview radiophonique à la Radio nationale. Selon l’agence européenne qui contrôle la circulation transfrontalière, en 23017, le nombre de migrants algériens a atteint le nombre de 25 000 avec un pic de 500 personnes mensuellement. 5000 d’entre eux ont été renvoyés en Algérie.
Pour ce chercheur, la harga est devenue un problème de société car elle implique des familles entières et des personnes de tout âge et de toutes conditions sociales. Pour lutte contre ce phénomène il ne faut pas se suffire de petites études par ci par là et de simples constations mais faire un diagnostic profond pour élaborer une stratégie de communication. Ce phénomène social explique encore par des causes profondes qui sont les interdits, la prohibition et les restrictions. « L’enfermement dans lequel sont les gens fait qu’ils ont en permanence une valise dans la tête » schématise Mohame Saïb Musette.

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