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Grève des magistrats : un pas vers la fin de la justice du téléphone ?

La grève des juges se poursuit pour la troisième journée consécutive. Enclenchée dimanche dernier, l’action initiée par le syndicat national des magistrats (SNM) a provoqué une paralysée générale des tribunaux et Cours du pays.

L’adhésion à ce mouvement est totale (98% de participation selon le président du syndicat Issaad). « Jamais un mouvement n’a réalisé un tel score par le passé », réjouit le président du SNM, qui tente d’infirmer toutes interprétations faisant croire que ce mouvement vise directement la personne du ministre de la justice, Belkacem Zeghmati.
Ce dernier répond également indirectement aux critiques émises par des observateurs, reprochant aux juges d’avoir recouru à la grève pour des intérêts purement corporatistes et personnels. Selon lui, le syndicat les revendications exprimées vont au-delà de la contestation du mouvement dans le corps des magistrats, décidé le 24 octobre dernier par le ministre de la justice.
Selon les grévistes, la revendication principale est « l’indépendance effective de la justice ». « L’indépendance est une revendication essentielle qu’il faut consacrer dans la pratique, loin de tout slogan creux. Il est inacceptable d’invoquer n’importe quel contexte pour attenter aux droits et aux libertés fondamentales des citoyens ou menacer la cohésion de la société sous des prétextes illégaux et des justificatifs non conforme aux textes de loi », affirme le SNM dans un communiqué rendu public, aujourd’hui 29 octobre.

« réhabiliter la corruption ou de lui changer simplement d’endroit »

Le contenu de ce paragraphe est lourd de sens. Les magistrats contestataires expriment clairement leur rejet de tous les abus enregistrés, ces derniers mois, en particulier la multiplication des détentions des manifestants et des militants politiques. Même s’ils ne citent pas directement ces cas, l’allusion est claire.
Les juges demandent d’ailleurs aux algériens de les soutenir pour réaliser cet objectif suprême. Même l’argument de la lutte contre la corruption mis en avant par les tenants du pouvoir est battu en brèche par le président du syndicat des magistrats, Issaad Mebrouk. « La lutte contre la corruption ne se fait pas d’une manière conjoncturelle, elle a plutôt besoin d’outils juridiques. Il est insensé de muter près de 3000 juges d’un trait sous le prétexte de lutter contre la corruption. Celle-ci doit être extirpée. La mutation est une manière de réhabiliter la corruption ou de lui changer simplement d’endroit », dénonce-t-il.

« indépendance effective de la justice »

Selon le premier responsable du SNM, cette grève est une preuve supplémentaire que la situation au sein de l’institution judiciaire a atteint un seuil intolérable. « Le couteau a atteint l’os. Nous avons été contraints de recourir à la grève en l’absence d’autres alternatives». « C’est la non prise en charge des problèmes du secteur qui a mené à cette situation tendue. Notre revendication aujourd’hui est l’indépendance effective de la justice, conformément à la volonté populaire, mais loin de tout populisme », insiste-t-il.
En attendant l’issue de ce bras de fer, il faut souligner que c’est la première fois dans l’histoire que des magistrats se lèvent massivement pour réclamer « leur indépendance effective ». Est-ce le début de la fin de la « justice du téléphone » ?

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