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Droits de l’homme : Amnesty International accable les autorités algériennes

L’organisation Non Gouvernementale (ONG) Amnesty International a rendu public aujourd’hui 7 avril son rapport annuel sur la situation des libertés en Algérie. L’ONG souligne que « les autorités ont aggravé les violations des droits humains en Algérie notamment les atteintes aux libertés fondamentales et les violences à l’encontre des femmes ».

Pour Amnesty International, en 2020, « les autorités ont continué à arrêter et à poursuivre en justice des manifestant.e.s, des journalistes et des militant.e.s ou de simples citoyen.ne.s pour avoir exercé pacifiquement leur droit à la liberté d’expression. Certain.nes ont été placé.e.s en détention les exposant au risque de contracter le Covid-19. ».

Concernant les nouveaux textes de lois adoptés récemment, « les autorités ont adopté de nouvelles lois qui limitent encore davantage les libertés fondamentales des algériennes et des algériens ».

Arrestations arbitraires et condamnations injustes

Dès le début de la pandémie, les autorités algériennes ont jeté plusieurs activistes dans les prisons pour avoir exprimé leur droit d’expression sur les réseaux sociaux. Pour l’ONG, le pouvoir a « profité de la crise sanitaire de Covid19 pour multiplier les arrestations des militant·e·s, de journalistes et de blogueurs pour avoir critiqué le gouvernement en ligne ».  « D’autres personnes ont également été arrêtées pour avoir participé à des manifestations pacifiques. Des dispositions du Code pénal, formulées en termes vagues, ont été invoquées pour engager des poursuites à leur encontre ».

Amnesty rappelle le geste du président Abdelmadjid Tebboune qui a annoncé une grâce présidentielle en faveur des détenu.e.s du Hirak. « Du 19 au 25 février 2021, 59 personnes arrêtées arbitrairement pour avoir exprimé leurs opinions ou manifesté pacifiquement ont été libérées » précise l’ONG qui regrette que « d’autres sont encore en détention uniquement pour avoir participé au Hirak ou pour des publications sur les réseaux sociaux critiquant les autorités ».

C’est la raison pour laquelle « toutes les personnes détenues simplement pour avoir exprimé leurs opinions pacifiquement doivent être libérées immédiatement et sans condition » a déclaré Hassina Oussedik, directrice d’Amnesty International Algérie, qui insiste sur le fait que « les autorités algériennes doivent rompre avec leurs pratiques répressives en matière de libertés fondamentales et réformer la législation nationale afin de garantir une justice indépendante et équitable pour toutes et tous. »

Allégations de torture et autres mauvais traitements

Au sujet des des informations concernant les cas d’au moins trois militants arrêtés et placés en détention qui auraient été torturés ou subi des mauvais traitements, l’ONG estime que  

« Les autorités doivent veiller à ce que des enquêtes impartiales, indépendantes soient menées sur toutes les allégations de torture et d’autres mauvais traitements, que leurs conclusions soient rendues publiques et que les auteurs présumés de ces actes soient traduits en justice. D’autre part, les autorités avaient annoncé l’ouverture d’enquêtes sur les circonstances de la mort de Mohamed Tamalt, Kamel Eddine Fekhar et Ramzi Yettou. A notre connaissance, à ce jour, aucune conclusion n’a été rendue publique » a déclaré Hassina Oussedik, directrice d’Amnesty International Algérie.

La liberté de la presse menacée

Sur la qursrtion de la liberté de la presse, Amnesty rappelle qu’en 2020, « les autorités ont également continué à bloquer l’accès à plusieurs sites d’information ayant publié des articles sur la pandémie de Covid19 et les manifestations pacifiques », tout en soulignant aussi que « des journalistes ont également été arrêtés pour avoir couvert des manifestations pacifiques ».

Pour la présidente d’Amnesty International Algérie, « Les autorités doivent promouvoir et protéger la liberté de la presse et permettre aux journalistes de faire leur travail de façon indépendante, sans aucune entrave ou intimidation. Recevoir et communiquer des informations fiables est vital et revêt une importance capitale en période de crise sanitaire car il permet de sauver des vies. Le journalisme ne devrait jamais être un crime punissable. »

Augmentation des cas de violences contre les femmes

Les crimes et les violences contre les femmes qui ont marqué l’année 2020 ne sont pas passés inaperçus pour l’organisation, qui rappelle que « durant l’année 2020, la pandémie de COVID-19 a aggravé les risques déjà importants auxquels se heurtent de nombreuses femmes en Algérie ».  

Le site Féminicides Algérie a recensé au moins 54 féminicides en 2020 et 14 depuis le début de l’année 2021. Au moins 6782 femmes ont été victimes de violences en 2020, selon les chiffres de la police judiciaire. Les organisations de défense des droits des femmes ont souligné que les statistiques officielles sur les cas de violences contre les femmes étaient largement en dessous de la réalité.

Le gouvernement doit agir de toute urgence pour renforcer les services d’aide aux femmes victimes de violences

Dans ce sens, Hassina Oussedik estime que « les associations de défense des droits des femmes se sont fortement mobilisées pour dénoncer les féminicides et les violences contre les femmes en Algérie tandis que les autorités n’ont pris aucune mesure pour protéger les victimes de ces violations des droits humains », raisons pour lesquelles « le gouvernement doit agir de toute urgence pour renforcer les services d’aide aux femmes victimes de violences et mener des campagnes de sensibilisation des citoyennes et citoyens contre les violences liées au genre, en collaboration avec les organisations de défense des droits des femmes. »

L’ONG rappelle tout de même que les textes de la nouvelle constitution apportent « quelques avancées » sur certaines questions des droits humains, notamment en matière de protection des femmes, mais « elle ne garantit toujours pas l’indépendance de la justice et introduit des restrictions injustifiées des droits et libertés en conditionnant l’exercice de la liberté d’expression au respect des valeurs religieuses et culturelles ».

« primordial d’écouter les revendications des citoyens et des citoyennes« 

Amnesty International précise que « ce texte ne répond pas aux normes internationales et régionales des droits humains, dont certaines dispositions sont incompatibles avec les obligations internationales qui incombent à l’Algérie aux termes de la charte africaine des droits de l’homme et des peuples et du pacte international relatif aux droits civils et politiques ».

Pour toutes ces raisons, Hassina Oussedik, directrice d’Amnesty International Algérie estime que  « les défis à venir concernent la mise en conformité de la législation nationale et les pratiques existantes avec les normes internationales des droits humains » car «si les autorités algériennes veulent atteindre les aspirations du Hirak, constitutionnalisé lors de la dernière révision, il est primordial d’écouter les revendications des citoyens et des citoyennes mais surtout d’agir. Nous attendons des actes forts marquant la rupture avec les pratiques contraires à l’état de droit et aux droits humains ».

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