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Dialogue : Comment le pouvoir a parachuté ses représentants dans la commission installée jeudi

Crédit photo: APS

Les langues commencent à se délier. Les témoignages autour de la constitution du panel des personnalités chargées de mener le dialogue national pour une sortie de crise se multiplient. Depuis jeudi dernier, jour de l’annonce de la liste de la composante de la commission qui sera conduite par l’ancien président de l’APN, Karim Younes, des acteurs qui devaient y figurer livrent leurs témoignages.

 
Et à travers leurs déclarations publiques, on comprend vite que le pouvoir n’a pas tenu sa promesse de confier le dialogue uniquement à des personnalités indépendantes. Au contraire, les tenants du pouvoir ont tenu à placer « leurs hommes au sein de ce panel » pour tenter, vraisemblablement, d’orienter les débats ou de peser sur les résultats de ses consultations.
C’est du moins ce que l’on peut en déduire du témoignage du professeur Nacer Djabi qui a été contacté, selon un texte qu’il a publié sur sa page Facebook, pour participer à cette commission chargée du dialogue et de la médiation.
« J’ai prévu, quelle que soit l’issue des contacts officiels entrepris avec moi pour participer au panel du dialogue national, d’informer l’opinion publique dans le cas de l’acceptation ou du rejet. Et voilà je tiens parole. Des institutions nationales officielles m’ont approché pour me convaincre de participer au dialogue en tant que personnalité nationale indépendante, ce que j’ai accepté sur le plan du principe, car je suis fermement convaincue que je ne peux pas m’opposer à la voie du dialogue national qui devrait être entre nous, Algériens, tôt ou tard », explique Nacer Djabi.
Nacer Djabi précise avoir posé des conditions avant de proposer des noms connus pour faire partie de cette commission, à l’image de Lyes Merabet, secrétaire général du syndicat (SNPSP) et Saïd Salhi, vice-président de la LADDH.
Indépendance de l’instance
« Au cours de mes échanges avec la partie qui m’a contacté, j’ai expliqué que ma participation était conditionnée par ce que l’on a appelé plus tard l’acceptation des mesures d’apaisement, tel que la libération des détenus du mouvement populaire, la levée de tous les strictions sur le mouvement et l’ouverture de l’audiovisuel privé. J’ai constaté dans la discussion que ces exigences ont été acceptées formellement. J’ai insisté, dans mes échanges avec la partie officielle qui m’a contacté sur la nécessité de s’entendre à l’avance sur la souveraineté de l’instance de dialogue pour tout ce qui concerne sa composition, ses décisions et ses méthodes de travail, avant d’accepter l’offre », écrit-il.
Et d’ajouter : « J’ai alors entrepris des contacts avec des amis, dont les noms ont été mentionnés pour faire partie de cette instance, dont Saïd Salhi et Elias Merabet, car j’étais convaincu que leur présence donnerait de la crédibilité à la commission, en raison de leurs qualités et de leur représentativité. Et cela pourrait se répercuter positivement sur les travaux de la commission ».
Mystère
Selon Nacer Djabi, « les deux amis (Lyes Merabet et Saïd Salhi) ont acceptés ». « J’ai alors informé la partie officielle et Karim Younes. Nous nous sommes mis d’accord à trois ainsi qu’Islam Ben Attia de laisser Karim Younes entreprendre ses contacts avec la présidence, puisqu’il avait un rendez-vous, prévu pour la journée de Mercredi, avant qu’il ne soit reporté à Jeudi matin ».
Les premières discussions, ajoute-t-il, sans la présence d’aucune partie officielle. « Il y avait Ben Abbou, Karim Younes, Lalmas, Ben Attia et moi. Nous avons insisté sur la nécessité de n’accepter aucun privilège matériel », précise le sociologue.
Mais le mystère s’est produit dans la nuit de Mercredi à Jeudi. Nacer Djabi, et même Islam Ben Attia qui a fait aussi son témoignage, ont été surpris par la présence, dans le panel, de personnes qu’ils n’ont pas rencontrées auparavant.
« Ce qui s’est passé en réalité est loin de cette perception. Des noms ont été ajoutés à ce panel, à notre insu, et l’équipe est montée à la présidence. À mon avis, la composition officielle de ce panel témoigne que les détenteurs du pouvoir réel manquent d’ouverture sur la situation de l’Algérie d’après 22 février. Ils ne sont toujours pas en mesure de se défaire de la culture politique de l’ancien système, tant dans les pratiques que dans les déclarations», déplore Nacer Djabi.
Parmi les personnes parachutées, il y a Lazhari Bouzid, un des caciques du FLN qui a cautionné toutes les violations constitutionnelles du président Bouteflika. Un des membres a même été surpris de se retrouver à la présidence, alors « qu’il s’apprêtait à faire le voyage de Touggourt à Médéa pour accompagner sa femme chez ses parents ». La troisième personne, elle, reste aussi inconnue.
 
 

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