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Coronavirus : Pourquoi l’Algérie doit « se réveiller » et « se préparer au pire »

Si les autorités continuent à rassurer la population face à la menace du Covid-19 appelé Coronavirus, l’organisation mondiale de la santé ainsi que plusieurs études prouvent le contraire. Les autorités algériennes « doivent prendre des mesures radicales de confinement afin d’éviter des pertes humaines importantes » alerte le docteur Atika Lazri, médecin Algérien exerçant dans hôpital à l’étranger.

« L’Égypte, l’Algérie et l’Afrique du Sud sont les pays les plus exposés au risque d’importation du virus en Afrique en raison d’échanges commerciaux plus importants avec la Chine » a rapporté une étude de l’Institut Nationale de la Santé et de la Recherche Médicale en France (INSERM) quelques jours uniquement avant la détection du premier cas testé positif au Covid-19 (Coronavirus) en Algérie, le 25 février dernier.

De son coté, l’organisation mondiale de la santé a appelé hier, 18 mars, les pays africains à « se réveiller » et à « se préparer au pire » face à la propagation de la pandémie, alors que le taux de décès en Algérie par ce virus est de 10%, l’un des plus élevés au monde.

Même si le nombre de cas augmente rapidement, les pays du continent africain restent encore peu touchés par le Covid-19, si on compare à la Chine qui a enregistré 3245 décès, ou les pays européens comme l’Italie qui a enregistré jusqu’aujourd’hui 19 mars, 2978 décès.  « Le meilleur conseil à donner à l’Afrique est de se préparer au pire et de se préparer dès aujourd’hui », a déclaré le directeur général de l’OMS, l’Ethiopien Tedros Adhanom Ghebreyesus.

Cette déclaration n’est pas faite juste pour faire peur aux citoyens africains, mais c’est une alerte basée sur les moyens sanitaires dont disposent ces pays. En Algérie, le ministre de la santé a annoncé que « nous avons une capacité théorique de 400 lits des services de réanimation repartis à travers le territoire national » tout en précisant l’Algérie peut « augmenter ces capacités à 6000 lits ». Les autorité peuvent effectivement réquisitionner tous les lits des cliniques privées ainsi que leur personnel médical, mais il est impossible d’atteindre le nombre de 6000 lits, avec le tout le matériel de réanimation nécessaire.

Si officiellement, le pays « dispose de tous les moyens » comme confirmé par le président de la république, Abdelmadjid Tebboune, sur le terrain ce n’est pas vraiment le cas. Nous avons contacté plusieurs médecins qui exercent dans des hôpitaux à Blida, Alger et Tizi Ouzou, et ils assurent unanimement que « les conditions de travail sont catastrophiques ».

« Les équipement sont volés »

« Il m’est arrivé d’intervenir la bouche couverte par une compresse à cause du manque de masques » nous confie une femme médecin qui exerce dans un hôpital à Alger qui précise que « la majorité des équipement sont volés ou même vendus au marché noir par certains fonctionnaires d’Établissement Public hospitalier (EPH) ».

Un médecin à l’hôpital de Boufarik, à Blida, a dénoncé sur son mur Facebook l’état réel dans lequel ils ont accueilli les patients atteints du coronavirus. « Voici dans quel état est l’hôpital qui ne dispose pas de moyens. Il y’a ici des lits qui ne sont pas désinfectés même si le dernier patient a quitté l’hopital depuis deux jours » a-t-elle dénoncé.

Le médecin précise aussi que « des patients attendent les résultats de leurs analyses envoyés depuis plus d’une semaine à l’institut pasteur, mais pour le moment, ils ne savent même pas s’ils sont contaminés ou pas ».

Il est important de rappeler que l »institut pasteur à Alger est le seul qui a les moyen de réaliser les tests de dépistages du Covid-19. Tous les prélèvements effectués dans les autres wilayas sont envoyés au même institut, ce qui a engendré une importante charge de travail, et donc, des temps d’attente importants.

Intervenant au forum du quotidien El Moudhajid, Dr Derrar a souligné que « le laboratoire de référence de l’Institut pasteur a analysé en moins d’un mois plus de 1200 échantillons suspectés porteurs du coronavirus (Covid-19), précisant que 67 cas positifs ont été enregistrés à ce jour » a rapporté l’APS.

Il est important de rappelé qu’il est impossible de savoir si une personne est atteinte du Covid-19 sans effectuer ces analyses. Donc, le nombre des personnes touchées est basé uniquement sur le nombre de dépistages effectué.

Le docteur Derar assure que « l’Institut Pasteur dispose de tous les moyens nécessaires pour effectuer les analyses », a-t-il assuré, tout en précisant que « nous œuvrons actuellement à équiper deux annexes de l’Institut dans les wilayas d’Oran et de Constantine en matériel nécessaire aux analyses, ainsi qu’à la formation d’équipes de dépistage du virus ».

Une récente étude du Centre chinois pour le contrôle et la prévention des maladies : le virus affecte plus gravement les personnes âgées ayant des problèmes de santé préexistants. En outre, des recherches avancent qu’environ 80 % des cas de coronavirus seraient bénins.

Pour réaliser cette étude, les données concernant plus de 44 000 patients confirmés en Chine ont été recueillies jusqu’au 11 février. Il s’agit de l’une des plus larges représentations des effets du Covid-19 sur l’homme. Ces données suggèrent que les risques de mourir de la maladie augmentent avec l’âge. 

L’étude ne fait état d’aucun décès chez les enfants de moins de 10 ans, qui représentent moins d’1 % des patients. Les patients âgés de 10 à 19 ans auraient autant de risques de mourir que les trentenaires. Si on s’appuie sur les chiffres de l’office nationale des statistiques mis à jour en janvier 2020, le nombre d’habitants en Algérie dont les âges vont de 0 à 34 ans est de plus de 26 millions sur le total de 43 millions, ce qui nous donne un pourcentage de 60% de la population globale.

En revanche, les patients dans la cinquantaine auraient environ trois fois plus de risques de mourir que les quarantenaires. Le risque de mortalité serait nettement plus élevé chez les patients âgés de plus de 70 ans, probablement car nombre d’entre eux ont des problèmes de santé préexistants. En Algérie, les personnes âgées de plus de 50 ans représentent 7 millions, soit 16,3% de la population est surexposée au risque de mortalité qui peut être causé par le Covid-19 en cas de contamination

Face à ce risque, les officiels algériens tardent vraiment à prendre des décisions radicales afin de confiner les citoyens à leurs domicile. Selon le docteur Akila Lazri, Médecin au CHU Krémelin Bicêtre en ile de France, « le virus va dévaster le pays, car l’Algérie n’a pas un système de santé comme les puissances du monde, qui malgré tous les moyens continuent à enregistrer des centaines de morts par jour » alerte-t-elle tout en précisant que » la technique du confinement a donné ses fruits en Chine, qui n’a enregistré aucun nouveau cas sur son sol ses dernières 24 heures« .

La population est « déçue » du dernier discours

Face à cette pandémie qui a mis le monde entier à l’arrêt, les citoyens se mobilisent et s’organisent. Les appels à l’interruption temporaires des marches du Hirak se multiplient, et les actions de solidarité commencent à voir le jours dans plusieurs quartiers. À l’université Mouloud Mammeri à Tizi Ouzou, les étudiants en Pharmacie passent leur temps dans le laboratoire de leur campus et fabriquent des gels Hydro-Alcooliques, distribués gratuitement aux citoyens.

Il faut dire que la majorité de la population est « déçue » du dernier discours du président de la République. « On s’attendaient pour une fois à ce qu’il annonce des mesures de confinement radicales, mais ce n’était pas le cas » regrettent plusieurs professionnels de la santé qui ont « peur des jours qui arrivent ».

La rédaction d’INTERLIGNES a mis à votre disposition une carte d’interactives et des graphics qui vous permettront de suivre l’évolution de cette pandémie.

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