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Algérie, le jour d’après (contribution)

Le pouvoir algérien vient d’opérer un énième coup de force contre la volonté populaire. Alors que les citoyens ont exprimé massivement leur rejet catégorique de la farce électorale, le régime s’est offert un chef d’Etat des plus contestés et protestés.

Par Jugurtha ABBOU
Militant politique

Le système est resté fidèle à lui-même, il n’accepte ni recul ni compromis. L’annulation du scrutin ou un tout autre scénario du genre n’ont été que rumeurs et spéculations. Le suspense n’a pas duré, Hitchcock n’est pas algérien.

Mais à la différence des scrutins précédents, les taux de participations officiels ont reflété le rejet total des deux wilayas de la Kabylie, ce qui donne voie à de nombreuses supputations, allant des plus pessimistes et radicales qui mettent en avant la thèse autonomiste, à celles plus ou moins réalistes, celles défendant un fédéralisme comme modèle de gestion de l’Etat. Cela dit, les décideurs sont mis en demeure par l’histoire.

Ou le pays s’offrira la chance d’ouvrir une nouvelle page qui annoncera la rupture avec un jacobinisme rétrograde qui a causé des décennies de régression politique, économique et sociale. L’option suicidaire serait de tenter de stigmatiser une région qui a toujours payé le lourd tribut pour la cause nationale et qui a été à l’avant-garde de toutes les luttes d’émancipation de la nation algérienne.

 Est-il important de revenir sur les risques qu’encourt l’Algérie de toute option autre que l’option démocratique ? Illégitimité et fragilité des institutions, dislocation de l’Etat et danger sur la souveraineté nationale sur le plan politique, fragilité et instabilité économique, ouverte à des risques d’inflation voire de destruction des plus énormes, conduisant à une crise sociale sans précédent. Le fossé entre les gouvernants et les gouvernés se creusera davantage. Les indicateurs sont au rouge,  et ce n’est pas un scrutin entaché de répression tous azimuts qui dessinera du vert sur les clignotants. Une élection qui ne résout pas les problèmes ne fera que les aggraver.

Donc aujourd’hui, il est plus que jamais temps d’entendre la voix du peuple, de donner à l’Algérie la chance de rebondir et aux Algériennes et aux Algériens l’espoir de rendre leurs rêves réalité. La libération des détenus politiques et les détenus d’opinion, l’ouverture d’un dialogue national et inclusif et l’amorce d’un processus constituant à même de déboucher sur un passage de l’autoritarisme vers un nouvel horizon démocratique.

Or, le pouvoir ne semble se départir de sa logique consistant à gouverner sans le peuple, voire contre le peuple, ni ce dernier ne semble fléchir devant les nombreuses tentatives de répression et les vagues interminables d’arrestations.

Ni les manœuvres du régime visant à diviser le mouvement, parfois à le diaboliser, ni l’usage de la violence à l’égard des manifestants ne semble faire arrêter la mobilisation, qui tant qu’elle maintient son caractère pacifique, constitue une épée de Damoclès pour le régime mais ne fait pas avancer les choses dans la mesure où les deux lignes parallèles et jusqu’auboutistes ne sont pas faciles à relier.  

Car l’enjeu, aujourd’hui, n’est pas de savoir quelle équipe va marquer ou encaisser, les affaires du pays n’étant jamais semblables à un match de foot, mais de trouver les compromis les plus salvateurs pour aller au vœu pieu du peuple : Djazair Hourra Dimokratiya (Algérie libre et démocratique).

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