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Affaire du « militant du MAK » arrêté à Alger : Les mensonges des médias officiels

Les médias officiels et les télévisions privées ont annoncé l'arrestation d'un "militant du MAK qui vise à récupérer le Hirak populaire par le biais d'éléments extrémistes et à inciter à la désobéissance et à des marches nocturnes ». Dans cette « dépêche » qui s’est propagée comme une trainée de poudre, l’Agence officielle n’a donné aucun élément de crédibilité sauf une « source sécuritaire ». Le nom du mis en cause n’a pas été cité et les dates annoncées sont erronées. Dessous d’une manipulation dangereuse.
© DR | Illustration de la manipulation médiatique
© DR | Illustration de la manipulation médiatique

La télévision nationale, l’agence officielle (APS) et les chaines de télévisions se sont bousculées avant hier, jeudi 5 décembre pour annoncer que « les services de la Sûreté ont déjoué, jeudi, un plan de sabotage fomenté par le Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK) ». Tous les médias en question n’ont cité aucune source et l’information provient « d’une source anonyme ». Les propos rapportés sont mensongers, les dates sont fausses, et la tentative de manipulation dépasse toutes les bornes.

L’agence de presse officielle a annoncé, sans aucune retenue ni prudence, que « les forces de sécurité ont arrêté, au niveau de la place des martyrs (Alger), un étudiant universitaire, membre du MAK et militant au sein d’un parti politique opposé à la tenue de l’élection présidentielle ».

La même source a précisé que l »‘étudiant en question a été appréhendé en train de prendre des photos du déploiement des forces de sécurité ». Mais du coté de la Direction Générale de la Sureté Nationale (DGSN), c’est le silence Radio. Aucune déclaration officielle ni aucun communiqué n’ont été publiés dans ce sens ni pour confirmer cette version et ni pour démentir.

« Récupérer le Hirak« 

Les médias du pouvoir recourent à toutes les pratiques possibles et imaginable pour sauver la présidentielle du 12 décembre prochain. C’est pour cette raison qu’ils interviennent en « pompiers » pour tenter de désamorcer la grève générale annoncée pour les quatre jours qui précédent l’élection présidentielle, soit du 8 au 12 décembre.

Le premier mensonge dans l’article publié par l’agence officielle et l’annonce faite par la télévision nationale puis reprise par beaucoup de médias est la date de l’arrestation. L’étudiant qui répond aux initiales de N.W. âgé de 23 ans et originaire du village Ait Messaoud dans la commune de M’Kira, Daïra Tizi Ghennif, wilaya de Tizi Ouzou, a été arrêté le Mardi 26 novembre et non pas avant hier, jeudi 5 décembre comme cela a été annoncé.

C’était le jour de la marche hebdomadaire des étudiants. Selon une source sûre, l’étudiant en mécanique navale à l’Institut National Supérieur de Pêche et d’Aquaculture d’Alger (INSPA), « a été arrêté entrain de filmer dans le centre de la capitale ». Mais pour essayer de manipuler l’opinion publique, la date de l’arrestation a été annoncée pour la veille de la dernière grande marche du Hirak afin de tenter de dissuader les millions d’Algériens de sortir dans la rue.

Le militant du Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD), inscrit à la section communale de M’kira aurait été « arrêté entrain de filmer les dispositifs sécuritaires déployés dans le centre de la capitale« . C’est du moins ce que nous indique notre source..

Mais les médias officiels précisent que c’est « un plan, comploté également par le mouvement ANAVAD (Gouvernement provisoire Kabyle relevant du MAK), qui vise à récupérer le Hirak populaire par le biais d’éléments extrémistes et à inciter à la désobéissance et à des marches nocturnes pour pousser les forces de sécurité à recourir à la force ».

« Tout ça est vérifiable« 

Il semble que le rédacteur de l’article n’a aucune connaissance en politique en faisant un tel lien entre le RCD, parti agréé en Algérie, et l’ANAVAD décrit comme un « mouvement’, alors qu’il se revendique « gouvernement provisoire de Kabylie ». Ils citent notamment le Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK) plusieurs fois.

Selon une source sécuritaire, le militant aurait déclaré aux policiers que « les vidéos qu’il (W. N. Ndlr) filmait sont envoyées à un ami espagnol », et que « c’est pour cette raison que la police a pris la décision de l’arrêter ».

Contacté, un proche du mis en cause qui a fait pratiquement tout son cursus scolaire avec lui nous confie que son cousin « est ami avec un espagnol, et ils échangent très souvent, notamment sur les réseaux sociaux ».

La même source précise que « tout ça est vérifiable, car W.N. n’a jamais eu de problèmes avec la justice et s’il a envoyé une ou des vidéos à son ami, c’est dans un cadre purement amical », tout en rappelant que son cousin « n’a jamais caché sa relation avec l’espagnol, car ce dernier commente très souvent ses publications sur Facebook ».

« Travaille la nuit dans une Pizzeria »

l’APS qui n’a donné aucun élément de crédibilité dans son article sauf « une source sécuritaire », et précise à la fin que l’étudiant « a dévoilé l’existence d’un plan de sabotage devant être exécuté la veille de la Présidentielle du 12 décembre, en faisant part aux services de sécurité de déclarations dangereuses concernant les détails de ce plan ».

Il est important de préciser que N.W. travaille la nuit dans une Pizzeria à Alger pour subvenir à ses besoins. Comment un jeune de 23 ans, à lui seul, peut planifier un « plan de sabotage » ? Quelle est sa relation avec le MAK ? Selon sa famille, « W.N. est militant du RCD et non pas du MAK ».

Les informations rapportées évoquent les marches nocturnes qui se déroulent depuis des semaines dans plusieurs wilayas du pays et réprimées à Alger. Ces manifestations ont pour but d’intensifier les actions de contestation contre la présidentielle du 12 décembre. Le rédacteur de l’article fait allusion par « plan de sabotage à la veille de la présidentielle » à la grève générale annoncée par les manifestants dans les quatre coins du pays.

W.N serait, selon une source sûre, « placé en détention provisoire par le tribunal de Sidi M’hamed ». Sa famille n’a pas de nouvelles de lui depuis le 25 novembre passé, soit 12 jours après son arrestation, alors qu’il a le droit à un appel téléphonique pour informer ses proches.

Tout porte à croire, en tous cas, que le jeune étudiant est utilisé par les médias du pouvoir comme bouc émissaire afin de créer une affaire qui touche encore une fois à la sécurité de l’état et créer un « scandale » avec l’éternel argument de « la main étrangère ».
La publication de cette « information » par des médias officiels intervient dans une période très sensible pour la presse en général. Les médias ne jouent plus leur rôle sauf les quelques titres qui continuent à résister encore. Pire, la profession est utilisée pour servir des clans politiques sans aucune éthique ni déontologie.

En tous cas, la famille de W.N. a lancé depuis hier un « Avis de recherche » afin de retrouver leur fils qui a disparu depuis le 25 novembre.

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