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Après la grande marche du 15 mars en Algérie, La diaspora répond à l’appel : «Allô l’Algérie, ici Paris»

Très tôt dans la matinée de ce dimanche 17 mars, la place de la République à Paris, est noire de monde. Des dizaines de milliers d’Algériens expatriés en France sont sortis pour exprimer leur rejet non seulement du prolongement du 4e mandat du Président sortant, mais aussi le départ immédiat du pouvoir en place.

 
La communauté algérienne de France n’est pas restée impassible devant l’attitude incongrue du gouvernement. Elle se dit indignée face à «un pouvoir politique muet», qui ne réagit pas aux doléances de la rue malgré plusieurs semaines de protestations en Algérie. Un black-out qui a suscité la colère du peuple algérien comme de la diaspora.
Comme tout les dimanches, jour fixé habituellement pour les rassemblements à Paris, les manifestants affluent en petits groupes pour répondre à l’appel de leurs compatriotes.
Il est 11h du matin, la place de la République est pleine à craquer. Munis de drapeaux algériens, de pancartes et de banderoles sur lesquels on peut lire des slogans anti-pouvoir, de solidarité et parfois même de l’humour, les manifestants ont su donner un exemple de civisme et de pacifisme.
«Vous les algériens, vous êtes uniques. Vous êtes un peuple qui donne et qui continue à donner, de manière civilisée, une leçon de démocratie au monde entier», nous dit un CRS, déployé sur place pour sécuriser le périmètre. Et d’ajouter : «Avec votre pacifisme, je préfère travailler sans arrêt, que d’aller chaque samedi aux Champs-Élysées pour faire face aux Gilets Jaunes».

Crédit photo: Interlignes Media. Un groupe de jeunes algériens manifestent à la Place de République à Paris contre les récentes décisions du gouvernement

«Paris, Alger : solidarité »
La manifestation de ce dimanche n’était seulement marquée par la présence des Algériens. Quelques centaines de Français sont également venus assister au rassemblement. Un fait inédit. De Paris, ils veulent partager leur soutien indéfectible aux algériens. Une solidarité symbolique à laquelle nous avons pu assister : «Silmya, silmya (pacifique, pacifique) », bien qu’en arabe ce slogan, les manifestants français tiennent à le fredonner pour exprimer encore une fois leur fraternité au peuple algérien.
«Je soutiens le peuple algérien dans sa lutte pacifique contre le pouvoir en place, qui a ruiné le pays depuis 20 ans déjà. Je leur dis : continuez dans cette voie, vous n’êtes pas loin de la victoire », soutient une maman quadragénaire, accompagnée de deux enfants.
« Nous sommes des Algériens, pas des Gilets Jaunes »
Rien de semblable aux Gilets Jaunes, mais le parallèle est vite fait. Pour passer un message subtil aux forces de l’ordre, les manifestants ont puisé dans des slogans créatifs et innovants pour leur signifier le caractère pacifique et exceptionnel du mouvement populaire.
Face aux sourires de quelques CRS, une dame septuagénaire réagit : «On ne peut qu’espérer que ça reste comme ça, tant que le pouvoir est maintenu. Je revis mes années d’indépendances».
Crédit photo: Interlignes Media. Deux algériennes arborant le drapeau algérien lors des manifestations contre le pouvoir

Des fumigènes partout !
Il est 15h, l’ambiance est toujours au beau fixe. Des jeunes et moins jeunes, entraînés par un groupe de musique, reprennent des chants populaires hostiles au pouvoir de Bouteflika. Ils allument alors une vingtaine de fumigènes, créant ainsi un ciel multicolore au dessus de la place de la République. «On ne voit ces images que dans les stades. C’est la première fois que je vis un de ces moments. C’est fantastique», nous dit une vielle dame venue, elle aussi, prendre part au rassemblement. «Le devoir nous appelle», rétorque-t-elle.
 
Station de métro bloquée !
En fin de journée, après avoir nettoyé la place de la République, les manifestants quittent les lieux. C’est à ce moment que la bouche du métro de la République peine à contenir la marrée humaine. La station du métro est complètement bloquée ! Sous les youyous des femmes, les services de sécurité de la RATP, visiblement surpris, prennent le plaisir de contempler ce moment de joies et de fête.
 
« …Et après les manifestations, on fait quoi ? »
«Si le Président sortant, Abdelaziz Bouteflika, reste au pouvoir, après le 28 avril prochain, nous ne nous contenterons plus des rassemblements, il faudra qu’on passe à la vitesse supérieure», lâche Nassim, un des organisateurs du rassemblement. Pour lui, ces manifestations ne sont qu’un moyen de pression pour exiger le départ du système en place. Néanmoins, tout comme ses coorganisateurs, il tient pour l’heure le cap des rassemblements, en attendant la réaction du «gouvernement en chantier» face aux doléances de la rue.

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