Offensive turque
En parallèle, la Turquie a lancé le mois dernier une offensive dans la région d’Afrine (nord-ouest de la Syrie) contre la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG). Ce faisant, elle a ouvert un nouveau front dans un conflit déjà complexe. Lors de l’entretien avec M. Poutine jeudi, M. Erdogan a « partagé des informations » concernant cette offensive, ont indiqué les sources turques. Pour nombre d’analystes, l’opération turque à Afrine, baptisée « Rameau d’olivier », n’aurait pas pu être lancée sans l’aval de Moscou, maître de l’espace aérien dans cette zone. Toutefois, la destruction d’un appareil russe dans la province d’Idleb la semaine dernière, revendiquée par un groupe jihadiste, semble avoir compliqué la donne. Moscou a salué le rôle d’Ankara dans la récupération du corps du pilote russe, mais l’armée turque n’a pas annoncé de frappes aériennes à Afrine depuis plusieurs jours. Des analystes y voient le signe que la Russie a appuyé sur le bouton « pause ». « La Russie maîtrise le tempo opérationnel de Rameau d’olivier en ouvrant/fermant l’espace aérien », résume sur Twitter l’expert militaire turc Metin Gürcan. Si elles soutiennent des camps opposés en Syrie, la Turquie et la Russie ont renforcé ces derniers mois leur coopération sur ce dossier dans le cadre d’un réchauffement de leurs relations après une grave crise diplomatique fin 2015.
La Syrie censée contribuer
Avec l’Iran, ces deux pays ont notamment parrainé des discussions dans la capitale du Kazakhstan, Astana, ayant abouti à la mise en place de plusieurs « zones de désescalade » en Syrie censées contribuer à faire taire les armes. Lors de leur entretien jeudi, MM. Erdogan et Poutine sont convenus d' »accélérer » l’installation de nouveaux postes d’observation dans la province d’Idleb, dans le cadre de l’une de ces « zones de désescalade ». En outre, selon les sources turques, les deux dirigeants se sont entretenus de la situation humanitaire dans la Ghouta orientale, où plus de 170 civils ont été tués cette semaine dans des bombardements aériens. Lors d’un discours jeudi, M. Erdogan a de nouveau qualifié M. Assad d' »assassin », excluant toute discussion avec lui.