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Pourquoi l’annonce de Gaid Salah est une nouvelle manoeuvre pour sauver le système

Le général Ahmed Gaid Salah, chef de l’état major des armées et vice ministre de la défense a demandé aujourd’hui, 26 mars, l’application de l’article 102 de la constitution pour « déclarer l’état d’empêchement » du président. Cette annonce « tardive » intervient après une énième violation de la constitution par le clan présidentiel. Qu’est ce qui fait courir Gaid Salah?

 
Après cinq semaine de manifestations, le président de la république Abdelaziz Bouteflika a clairement montré sa volonté de s’accrocher encore au pouvoir malgré la gravité de sa maladie qui l’empêche d’exercer ses fonctions de chef d’état, et le rejet catégorique de la rue aux propositions de « sortie de crise » formulées à travers des lettres adressées au peuple.
Ayant constaté que la mobilisation ne fléchi pas, au contraire, elle se renforce de plus en plus, le régime est contraint de concéder une concession majeure, en « sacrifiant » le président grabataire. Aujourd’hui, Ahmed Gaid Salah a appelé depuis Ouargla, à l’application de l’article 102 de la constitution qui stipule que « lorsque le Président de la République, pour cause de maladie grave et durable, se trouve dans l’impossibilité totale d’exercer ses fonctions, le Conseil constitutionnel se réunit de plein droit, et après avoir vérifié la réalité de cet empêchement par tous moyens appropriés, propose, à l’unanimité, au Parlement de déclarer l’état d’empêchement ».

peuple conscient et éveillé

Se montrant conscient de la crise politique actuelle, le chef des armée estime qu’il « est de notre devoir de souligner que ces marches pourraient être exploitées par des parties hostiles et malintentionnées, aussi bien de l’intérieur et que de l’extérieur, qui usent de manœuvres douteuses visant d’attenter à la stabilité du Pays. Des desseins abjects que ce peuple conscient et éveillé saura mettre en échec ». 
Depuis l’annonce de la candidature de Bouteflika, le général Ahmed Gaid Salah a changé l’orientation de ses discours plusieurs fois, jusqu’à son positionnement au côté du peuple. Au départ, belliqueux, le chef de l’état-major de l’ANP a défendu le bilan de Bouteflika – candidat à sa propre succession – en estimant il y’a quelques semaines qu’«il est impossible d’omettre toutes ces réalisations et tous ces acquis, que personne ne peut négliger, sauf les ingrats dont les desseins sont hostiles et les discours sont pleins de haine».

«ces ingrats»

D’un ton menaçant, le vice-ministre de la Défense a affirmé que «ces ingrats», en allusion à l’opposition, «ne mesurent nullement le poids de la stabilité et de la sécurité de l’Algérie».

Acculé par la pression de la rue qui ne cesse de grandir semaine après semaine, Gaid Salah s’est vu obligé de se replacer et d’adapter son discours afin de calmer cette colère de la population qui semble être déterminée pour le changement radical de tout le système dont, ce général major, fait partie.

Faisant l’éloge de la population « qui démontre la grandeur du peuple algérien, sa conscience et sa maturité » Gaid Salah appelle aujourd’hui à l’application de l’article 102 de la constitution, et rappelle même que c’est « une solution qui s’inscrit exclusivement dans le cadre constitutionnel, qui constitue l’unique garantie pour la préservation d’une situation politique stable». Veut-il protéger la constitution après une énième violation de ses textes?
Gaid Salah a cautionné plusieurs fois la violation de la constitution par le « clan présidentiel ». Les partis politiques, le mouvement Barakat  et plusieurs personnalités nationales ont appelé en 2014, justement, à l’application de l’article 102 (article 88 avant la révision de la constitution en 2016), mais le général n’a pas branché à l’époque.

sauvetage du « régiment »

Pour le député du RCD, Yassine Aissaouine, « Gaid Salah tente un coup d’Etat contre la volonté populaire ». « Cet homme est partie prenante de nos malheurs, il ne peut aucunement être la solution. Il ne s’agit plus pour eux de sauver le soldat Bouteflika, mais d’organiser le sauvetage du « régiment ». Ceux qui se sont rendus complices, par leur trahison légendaire, auront à répondre de leurs actes ignobles devant le tribunal de l’histoire. Ils veulent une passation de consignes à l’intérieur du même système, nous exigeons une transition démocratique qui pose les fondations de l’Algérie nouvelle ».
La réponse de la rue qui est encore en pleine ébullition, sera entendue ce vendredi, car les appels à une « très grande manifestation » sont déjà lancés par les internautes qui vont sans doute s’attaquer cette fois-ci à Gaid Salah. En tous cas, c’est une nouvelle victoire de la rue qui continue à maintenir la pression face à un système qui n’arrive même pas à former un gouvernement, puisque, la majorité des cadres ont décliné la proposition d’être nommés ministres.

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